Rais Hamidou :Une cité qui tourne le dos à la mer

 

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Posted by:Nass el houma pointe pescade

One saturday : 14/03/2015

 

Délimitée au sud par la commune de Bouzaréah, à l’est par Bologhine et à l’ouest par Hammamet, la commune de Rais Hamidou s’étend sur une superficie de 498,8 hectares pour une population avoisinant les 30.000 âmes dont la moitié élit domicile sur son versant, plus précisément su les hauteurs de Sidi El Kebir, Sidi Naamane, le lieudit Ayoun Turk communément appelé ‘’Puits des Zouaves’’.
Le long du cordon littoral qui s’étire sur quelque 2 km, le front de mer a perdu de sa superbe, disent d’anciens habitants de ce bourg qui a vu le compositeur Saint-Saëns choisir sa résidence à la rue Xuereb, le baron André Vialar qui avait sa propriété lors de la période coloniale dans les Deux-Moulins, Jean Sénac, Sid Ali Houat dit Fernandel, Yahia Benmabrouk et autres artistes qui venaient s’inspirer et décompresser l’espace de moments de convivialité à la plage dite Franco ou à la Rascasse. A l’entrée de la ville, Mers el-Debban (Port-aux-Mouches), une ancienne construction ayant appartenu à Barberousse et une autre érigée en 1736 par Abdy Pacha apostrophent le visiteur. Le chef-lieu de la commune est construit sur un petit plateau constitué par la Pointe Pescade, tout comme le quartier Miramar sur une petite plaine à l’Ouest. La majeure partie de la commune est constitué de deux mamelons du versant de Bouzaréah qui descendent vers la mer. La commune compte quelques langues de terre dont les deux-îlots’’, situés à quelques centaines de mètres de la côte. Les travaux d’aménagement du petit port de plaisance et de pêche conduits dans le cadre du plan sectoriel accusent un retard. Initialement prévus en 18 mois, les travaux conduits par l’entreprise Meditram, semblent à la traine. ‘’Nous avons perdu deux saisons estivales’’, dira le vice-président de l’Apc de la commune, M. Dahmane Djillali qui nous fait savoir, par ailleurs que le projet de ce parcours littoral annoncé en grande pompe et loué au début des années 2000 n’a été en fait de compte qu’un feu de paille. En effet, tant de fois, l’ancien P/Apc, M. Zaioua n’avait de cesse de brandir la fameuse maquette du projet de la côte rocheuse esquissée par le groupe Dragon, sur un site devant accueillir une piscine, un parking, un hôtel, des restaurants, un centre de loisirs,un théâtre romain, etc.), ainsi que le réaménagement du château abandonné de la Vigie, abandonné à son triste sort. Le projet dit pôle touristique est finalement tombé à l’eau, du moins revu à la baisse.
Le quidam peut arpenter à loisir l’impressionnant boulevard en défilant du regard des belvédères en promontoire inexploités. Le budget communal au titre de l’exercice 2014 s’élève à 150 millions de DA. Un menu fretin, selon les élus. ’’L’enveloppe mobilisée pour cette année nous permet juste de couvrir la masse salariale et honorer quelques petits projets’’, souligne notre interlocuteur, précisant que les projets en cours de réalisation ou en cours d’achèvement ainsi que les chantiers sur le point d’être lancés se résument en substance sur les travaux de revêtement de certaines routes de la commune, les travaux d’assainissement et d’éclairage public, la réalisation d’adduction d’Aep, la réfection de cinq établissements primaires ainsi que la construction d’une cantine scolaire .

Aussi, au regard de la topographie de la commune, la municipalité souffre, selon le vice-président d’un manque d’un poste de police de proximité dans les hauteurs de la commune, censé conforter le sentiment de sécurité des gens, et surtout de l’insuffisance criante en matière de locomotion urbaine, notamment les dessertes à partir du chef-lieu de commune vers Sidi Naamane, Amara et Sidi El Kebir où le transport public privé lève le pied dès 17h00. ‘’Nous avons soumis cette année aux pouvoirs publics la proposition de doter la commune d’un téléphérique Vigie-Boudjemaa Bouchair. Cela soulagera les milliers d’usagers ’’, note-t-il. Comme dans tant d’autres communes, le cadastre fait défaut dans cette commune qui compte plus de 260 constructions illicites nichées dans la forêt et juchées à flanc de colline, rendant le décor à partir de la route nationale hideux. ‘’Nous apprenons à travers les médias que des gens se plaignent de ne pouvoir régulariser leurs constructions érigées illicitement sur le versant de Rais Hamidou, alors qu’il y a gel en matière de construction ou d’extension décrété depuis quelques années par les pouvoirs publics dans ces zones classées G3’’, précise-t-il. Et de renchérir ‘’les gens construisent n’importe où et n’importe comment’’ dans des zones à haut risque d’éboulement. La commune compte réceptionner dans le cadre du Plan communal de développement et au titre de l’exercice 2014, selon l’élu, un CEM, un centre de soins et un marché couvert à Sidi El Kebir. Il est prévu également la réhabilitation de deux écoles Baba Aroudj et Ali-Amar, la réalisation de deux annexes administratives à la Vigie et à la Crête, le réaménagement des aires de jeux, la réhabilitation d’un centre commercial et envisage de faire une extension dans le cimetière exigu de Sidi Naamane.

a commune reste, tout compte fait pauvre en infrastructures et équipement pour la jeunesse notamment et souhaite récupérer les bâtiments de la Corniche qui est, selon le vice-président des biens de la commune. Quant au château de la Vigie, il est livré à l’usure du temps depuis qu’il a été plastiqué par l’OAS en 1962.

Des infrastructures qui font défaut
En matière d’infrastructure, la commune a besoin d’être dotée d’un téléphérique, dira le P/Apc de Rais Hamidou, M. Djamel Bellemou. Cela permet aux usagers rédidant dans les hauteurs de rallier leur chez-soi. Un conglomérat d’habitats dont certains qualifiés de cagibis sont agrippés sur le flanc de colline.  »Nous avons 3000 dépôts de demande de logement », dira le premier magistrat de la commune. Aussi, le port du lieu maritime dit Franco, les travaux d’aménagement du port de pêche et de plaisance accusent un retard. Où en est le taux de réalisation ? Selon le bureau d’étude maritime (LEM), la durée des travaux d’aménagement de l’ouvrage composé de trois postes à quai dont un flottant s’étaleront sur 26 mois et, actuellement, le chantier a atteint 75 % dans la réalisation de l’ouvrage. Quant à l’enveloppe consacrée pour ce projet, la DTP a mobilisé un montant de 1 milliard de dinars pour les gros œuvres. Il restera bien entendu le coût des équipements nécessaires qui relèveront du secteur de la pêche et interviendront dans le cadre du plan quinquennal 2014-2019. A la question de savoir si les délais de réception de l’ouvrage seront respectés, notre interlocuteur répond : ‘’C’est notre souhait. Mais je pense qu’il y aura un retard dans la livraison, car les travaux sont parfois tributaires des conditions de la météo’’.

Squat des assiettes foncières
Quant au volet relatif au dossier des demandes de logements sociaux, il est lourd dans la commune, surtout avec le dernier séisme du 1er août où des dizaines de familles ont été relogées … A signaler que depuis 2007 plus de 3000 dépôts de

demandes de logement de type social ont été enregistrées et la commune n’a pu répondre qu’à une cinquantaine. Aussi, il y a neuf bâtisses qui menacent ruine et deux cents familles vivant dans des conditions précaires dont nombre d’entre elles ont bénéficié de logements neufs suite au dernier séisme. Il y a lieu également de souligner que depuis quelques années, il y a un gel dans la libération des permis de construire ou d’extension des propriétés vu le caractère de la zone de Sidi El Kebir notamment qui est classée G3, c’est-à-dire qu’elle présente un risque de glissement de terrain. Cependant, précisera le P/Apc ‘’nous avons plus de 700 dossiers de régularisation des constructions déposés à notre niveau et que nous devons étudier dans le cadre de la loi 08/15, fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement’’. En matière de squat de certains sites forestiers sur les hauteurs, il subsiste des poches de terrains squattés par des indus occupants… Le premier responsable de la commune tient à souligner que ‘’des gens construisent n’importe où et comment des maisons de fortune dans des endroits qu’ils considèrent un beylick et mettent l’Etat devant le fait accompli. Nous souhaitons, cependant que la police de l’environnement soit plus présente et dissuasive sur le terrain’’. Concernant le fameux du château de la Vigie qui reste abandonné depuis l’Indépendance, ce fleuron architectural tombé en ruine est laissé à son triste sort depuis qu’il a été dynamité par l’OAS. Le nouvel exécutif de l’Apc émet le vœu de réhabiliter au profit du secteur de la jeunesse. ‘’Nous avons discuté avec le nouveau wali, Abdelkader Zoukh, lors de sa visite et saisi la DJS qui se sont montrés sensibles quant à sa réhabilitation’’, fait-il observer. Quant au mouvement associatif, il existe 5 à 6 comités de quartier qui activent sur le plan écologique pour avoir une cité littorale propre et accueillante.

Le Château dit de La Vigie abandonné
à son triste sort
Pour l’histoire, le domaine sis au lieu-dit La Vigie, est selon une thèse de ceux qui l’ont fréquenté, un patrimoine de la comtesse française De Grainvall du XIXe siècle, qui l’a donné à la municipalité dont le maire Laquière le transforma en établissement scolaire  »Ecole des Deux-Moulins ». Une autre thèse avance que le château était la propriété du consulat du Royaume Uni.
Tout compte fait, ce fleuron architectural qui trône sur un rocher a été plastiqué par l’Organisation armée secrète, (OAS) au lendemain du recouvrement de l’Indépendance. Le château a un peu bougé pendant le tremblement de terre du 21 mai 2003, mais ce sont les hommes qui sont responsables à 80 ou 90% de sa dégradation, expliquent certains témoins habitant dans le voisinage. Laissé ainsi en désuétude au grand désarroi d’artistes qui y voient l’idéal lieu où s’inspirer, l’ancienne école municipale (1940-1960) est devenue une silhouette, voire s’effiloche un peu plus chaque jour que Dieu fait.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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